Généralités bambous

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Un peu de bambou

On raconte que l’origine du mot bambou est due à la faculté d'explosion que possèdent les chaumes, lorsqu’ils sont au contact des flammes. C’est Carl von LinnéCarl von Linné: Carl von Linné (1707-1778); célèbre naturaliste suédois, père de la nomenclature dite "binominale" (genre + espèce), employée de nos jours pour le régne végétal, mais également pour le règne animal. lui même, qui, toujours à l’écoute du monde végétal, décida de nommer cette plante extraordinaire un « bambu », en suédois dans le texte, en référence à son côté explosif, Bang, bamb, bambu…

Phyllostachys nigra

Un peu de botanique.

Les bambous sont, avant tout, des plantes monocotylédones appartenant à la famille des Poacées (graminées), regroupées dans une sous-famille, créée pour la circonstance, les Bambusées. On en compte ainsi une soixantaine de genres et plus d’un millier d’espèces.

Ils sont caractérisés par des tiges formées d'un chaume creux lignifié, à la croissance très rapide. Les hauteurs de ces végétaux vont de quelques centimètres à parfois plus de 30 mètres de haut sur leur terre d’origine. Ils sont persistants et développent des rhizomes souterrains qui peuvent être traçants ou non, suivant les espèces.

On trouve souvent, en pépinière, le genreGenre: premier élément du couple binominal de Linné. Il désigne dans la classification, la position des êtres vivants entre la famille et l'espèce.
Par exemple : Acer campestre; Famille : Acéracées; genre : Acer; espèce : campestre. Le genre Acer regroupe tous les Erables.
Phyllostachys, qui est plus ou moins traçant selon les espèces. Ses rhizomes souterrains se développent parfois à grande vitesse et sur de grandes distances. Il se révèle donc idéal pour la constitution de haies ou de brise-vent.
Le genreGenre: premier élément du couple binominal de Linné. Il désigne dans la classification, la position des êtres vivants entre la famille et l'espèce.
Par exemple : Acer campestre; Famille : Acéracées; genre : Acer; espèce : campestre. Le genre Acer regroupe tous les Erables.
Fargesia est, en revanche, moins fréquent, mais il est cespiteuxCespiteux/euse: en botanique, le terme " cespiteux/euse " désigne une plante formant à sa base une touffe compacte. Ce terme désigne également un type de bambou dont les rhizomes ne sont pas traçants tel les Fargesia. . Ce qui veut dire que son développement s'opère en touffe dense et resserrée. Il est donc non traçant, et ne présente aucun risque d'envahissement. Sa végétation est aussi moins vigoureuse. Il faut donc réserver son utilisation à la réalisation de haies basses (jusqu'à 4 mètres de haut tout de même), ou encore à des massifs ou jardinières.

Leur rusticité peut aller jusqu’un peu au delà de –25°c. Ils demandent un sol frais, mais bien drainé et plutôt acide. Ils sont toutefois très souvent adaptables à tous types de sol, exception faite d’un sol marécageux, car la grande majorité des bambous redoute l’excès d’eau dans laquelle leurs rhizomes s’asphyxient.

La classification des bambous est en évolution permanente. On pourrait même parler de révolution, tant les synonymes, à la fois des genres et des espèces, sont nombreux.

Prenons l’exemple d’un célèbre bambou, le Fargesia, d’origine chinoise, dont la plupart des espèces sont rustiques en France. On le trouve ici sous deux appellations : le plus souvent sous sa forme féminine, Fargesia et parfois sous sa forme masculine, Thamnocalamus. Ainsi le Fargesia nitida devient le Thamnocalamus nitidus. Les Arundinaria ont été également reclassés dans les Pleioblastus...

Oui, c’est probablement une classification complexe, due en partie, à une prépondérance de la culture asiatique que nous sommes parfois peu enclins à assimiler. L’Asie est, en effet, le continent d’origine de bien des bambous, mais quelques-uns existent également en Amérique du Sud, en Afrique, en Océanie, mais pas un seul en Europe, ni même, étrangement, sur les pôles terrestres …

D’autre part, et de façon plus marquante encore, le phénomène de floraison, qui est rare chez les bambous, vient parfois bousculer l’ordre établi.

 

Un peu de floraison.

Oui, en effet, le bambou fleurit parfois, mais on ne le cultive pas pour faire des bouquets qui viendront trôner sur la table de la salle à manger. Ses fleurs sont des épillets délicats et pour le moins discrets. Mais surtout, lorsque le bambou se met à fleurir, il en profite pour mourir, tout au moins dans la majorité des cas.

fleurs_nitidaCette floraison est donc souvent fatale et elle est, de plus, imprévisible en l’état des connaissances actuelles. C’est un cycle mal connu, car il peut être extrêmement long et aléatoire, parfois même tous les 80, 50 , 20 ans, ou encore jamais.
Le dernier exemple est celui du Fargesia nitida, qui a fleuri dans les années 2000, puis donné vie à de nombreux bébés juste avant de mourir...
On comprend bien que, dans ces conditions, une vie entière de botaniste n’est parfois pas assez longue pour suivre, noter et communiquer cette science qu’est la floraison. Il faut savoir que la classification des végétaux, et ce depuis Carl von LinnéCarl von Linné: Carl von Linné (1707-1778); célèbre naturaliste suédois, père de la nomenclature dite "binominale" (genre + espèce), employée de nos jours pour le régne végétal, mais également pour le règne animal., repose sur des caractères de morphologie sexuelle. En outre, la plupart des bambous connus en Europe, ne sont acclimatés que depuis peu, tout au moins sur l’échelle des siècles, ce qui réduit encore un peu la science au silence.

En revanche, ce qui est parfaitement connu, c’est le fait que cette floraison affecte la même espèce à travers toute l’étendue du globe terrestre. C’est un phénomène spectaculaire, mais normal, compte tenu du fait que la méthode de multiplication d’un bambou est (en l’absence de graines) le clonage végétatif, c’est-à-dire une division. Les bambous d’une espèce semblable sont donc presque tous des frères génétiques, au codage strictement identique, et c’est pourquoi, quelle que soit leur terre d’adoption, ils vont subir au même moment la souffrance de cette floraison. Ce "moment" sera tout de même fortement influencé par divers facteurs, à la fois climatiques et géologiques, mais aussi, de part la nature même de sa multiplication. Les bambous reproduits notamment selon la technique "in vitro" seraient un accélérateur de floraison.
Et pour toutes ces raisons, cette période de floraison peut donc durer une dizaine d'années.

L’état actuel des connaissances permet de constater toutefois quelques différences notables sur les effets de la floraison, car, comme il est écrit plus haut, la floraison n’est pas toujours un ultime soubresaut, elle est diversement vécue (sic) par les espèces concernées.

La constante étant que la plante offre soudainement toutes ses ressources afin de favoriser une floraison et que, parfois, elle dégénère et meurt, mais pas toujours. Ainsi, on conseille aux heureux possesseurs de Phyllostachys (genre plutôt rustique et très répandu sous notre climat tempéré) de couper au ras du sol les chaumesChaume: c'est la tige ligneuse (souvent creusée aux entrenÂœuds et aux feuilles parfois coupantes) des graminées notamment. qui portent des graines, d’apporter de l’engrais en compensation des pertes d’énergie, et la vie reprend souvent son cours, avec des graines fraîches en prime.

Il serait donc prudent de prévoir une floraison avant d’investir, au sens le plus large du terme, dans un bambou, mais il n’existe probablement personne, sur cette terre, capable d’une telle prédiction.

Certains ont essayé. Le cas du Phyllostachys pubescens, qui est le bambou le plus imposant sous notre climat (parfois une vingtaine de mètres de haut, dans le Gard), est, à cet égard, parfaitement révélateur.
Il fut planté à la BambouseraieBambouseraie: depuis peu, ce serait à la fois la dénomination de la bambusaie de Prafrance à Anduze (Gard), mais également un terme générique de plantation de bambous. de Prafrance par son créateur, Eugène Mazel, en 1856. Il fut estimé que son cycle de floraison devrait être d’environ 70 ans. Mais dans les années 1930, pas de floraison, et toujours rien encore jusqu’à ce jour. On peut donc affirmer, cette fois avec certitude, que Phyllostachys pubescens a désormais un cycle de floraison supérieur ou égal à 160 ans !

 

Beaucoup de qualités.

« Citius, Altius, Fortius » telle est la devise latino grecque d’un bambou basal, qui convient idéalement afin de nourrir une description succincte de ses qualités botaniques.

Spectabilis

Plus Vite, car un bambou est capable de grandir d’un mètre par jour. Certains affirment même avoir constaté cette évolution à vue d’œil. Après tout, cela ferait à peine plus que 4 centimètres par heures, il faut donc faire preuve d’un esprit d’observation soutenu et sans doute passionnel. Nous n’avons pas cette chance, mais les turionsTurions: c'est le chaume, cônique, qui sort de terre au printemps et qui, coupé à 30cm de haut, devient la fameuse et délicieuse pousse de bambou. On parle de turion pour désigner également une asperge sortant de terre. des Phyllostachys lorrains sortent de terre pour grimper à quatre mètres en 3 semaines, ce qui est tout de même un phénomène unique dans le monde végétal, où l’on doit parfois se contenter de très peu.

Plus Haut, car c’est le principe même du chaume d’un bambou de l’année par rapport à celui de l’année précédente. Il faut noter qu’un chaume sortant de terre est un turion conique dont le diamètre à sa base ne grossira plus. En revanche, il est presque impossible de prévoir sa hauteur définitive. Il aura fini de grandir au gré de ses humeurs et il déploiera ses branches latérales à ce moment là. Les hauteurs dont on affecte les espèces sont, en effet, très indicatives et soumises à un certain nombre de facteurs à la fois climatiques et géologiques.

Plus Fort et Plus Loin, car un rhizome de l’année sort de terre toujours plus fort que l’année précédente. Pour les espèces dites traçantes, ce rhizome bien nourri dans un sol meuble est susceptible de cheminer sous terre pendant une dizaine de mètres en une saison, ce qui ne va pas sans poser quelques problèmes de cohabitation. Il faut donc savoir faire preuve d’un peu de coercition à l’égard de son exubérance. On peut, à cet effet, poser une barrière anti-rhizomes, ou encore creuser une petite tranchée. Mais on peut aussi acquérir un Panda géant, dont le régime est exclusivement constitué de feuilles de bambous. Ce sera, en outre, un beau geste pour notre patrimoine écologique terrestre.


Ses qualités physiques ne sont pas moins imposantes. Le bambou est aussi dense que l'acier, mais il est, en plus, flexible et léger. Ses pousses fraîches sont nourrissantes. Ses chaumes séchés sont utilisés comme échafaudage, construction de toit, irrigation, tuteurs, et quelques dizaines d'utilisations ménagères diverses. L'industrie se penche désormais sur cet extraordinaire végétal aux qualités innombrables. Depuis peu, les parquets de bambous revêtent quelques maisons européennes, et il existe désormais toute une gamme textile constituée à 90% de fibres de bambous.

D'autre part, le bambou possède la faculté de pomper les métaux lourds et il fait actuellement l'objet d'études poussées dans le cadre de l'assainissement des eaux usées. Des stations d'épuration à base de bambous, sont à l'essai dans le Rhône et les Hautes-Alpes. On épand, dans le sud de la France et en Champagne, des effluents de vinification sur des bambous. Le bambou gagne doucement, mais indéniablement, ses galons de filtre écologique majeur.

En Asie, terre d'origine de nombreux bambous, ceux-ci matérialisent la flexibilité, mais encore la constance et la pugnacité. Ils sont en totale harmonie avec le peuple dont ils partagent la terre. Ils dispensent la nourriture, le toit, et plus encore la vie, car une bambusaieBambusaie: en principe, ce terme désigne une aire plantée de bambous, telle une peupleraie peuplée de peupliers., grâce à son réseau inextricable de racines, est insensible aux nombreux tremblements de terre et, devient donc l'ultime refuge pour tous les hommes.